samedi 20 juin 2009

D'étranges (et tristes) fleurs


Exposées à la galerie Marie-José Degrelle jusqu’au 18 juillet, les oeuvres modernes et romantiques de Fabrice Rebeyrolle explorent les champs potentiels autour des fleurs.

Il vit dans le Gard, au milieu d’arbres et de verdure, puisant une énergie créatrice aux sources de la nature. Loquace et d’esprit structuré, il nous conduit vers une série de toiles bien ordonnées, d’étranges fleurs dont les plus sombres sont ses préférées. « Soleils noirs », tournesols fanés soumis au vent et signant habituellement la fin de la créativité. Fabrice Rebeyrolle, mélancolique, imprime ici ses interrogations quant à la démarche du peintre et à la vitalité de l’art : il est mort le soleil, mais pas son empreinte. « Un peu de pigment, un peu d’eau, un trait de charbon… parfois il suffit de pas grand-chose. D’autres fois, la matière s’accumule et se travaille, jusqu’au recouvrement total ». Les « Fleurs de silence », tâches muettes projetées sur leur support, mêlent ainsi une expérience intime de la peinture au choix d’un langage pour représenter les figures.

Symboles et corolles
Immédiates et délicates – coquelicots à fleur de peau et triste iris en pleurs – ou au contraire camouflées par la matière, ses fleurs sont des ballons qui s’envolent dans les airs. Leurs attaches, minces tiges lisses et superflues, sont la trace d’une esquisse essentielle. Ainsi que le prescrit un haïku, petit poème japonais dont il est amateur, Fabrice Rebeyrolle reconnaît « la fleur en toute chose »… surtout dans le champ de ses idées. L’exposition, prolongeant un travail autour de la terre et des arbres, montre avant tout son attachement pour la poésie : il aime à creuser sa matière comme les vers de Mallarmé, jouant de la légèreté pour ses ombelles et du pop pour les formes plus colorées. Les poussiéreuses natures mortes du XIXème siècle écartées, Fabrice Rebeyrolle peint des fleurs presque corporelles, touchant l’intime et révélant la naissance d’une gestuelle.

samedi 13 juin 2009

A bord du Poudlard Express...


3ème étape de son tour de France extraordinaire, le train d’Harry Potter s’est arrêté en gare de Reims, jeudi 11 juin. Au rendez-vous, horde de gamins et fans de la 1ère heure. Reconstitution.

Mélangez 3 wagons magiques et 150 mètres de mise en scène, saupoudrez de décors, costumes et ajoutez quelques objets mythiques : vous obtiendrez une potion de fête en l’honneur de la célèbre tête à lunettes et de la sortie prochaine de son prochain opus, « Harry Potter et le Prince de Sang mêlé ». Un titre fantastique et prometteur, témoin d’une recette qui a fait ses preuves : 40 millions d’entrées totalisées en France pour les 4 premiers films et une foule empressée aujourd’hui à la gare de Reims, pour le saluer. Daniel Radcliff, la vedette, n’a pourtant pas fait le déplacement, délégant d’autres héros, chats, chouette et figurants pour assurer la promo. Entré en gare à 9h, où une vingtaine de personnes attendait déjà, le train enregistrait un peu moins de 1000 entrées à 13h : classes d’écoles primaires, adolescents et curieux de l’évènement. Sur fond de petite musique magique, vous avez pu admirer le bureau de Dumbledore, directeur de l’école de sorcellerie, ses grimoires en vitrine, flacons et autres objets astronomiques. La Boutique des frères Weasley, duo de potaches inventifs, présentait les farces et attrape, fusées ainsi qu’un étonnant « distributeur de pastilles de gerbe ».

Invitation au voyage

Si le train d’Harry Potter est resté à quai, il a programmé votre voyage à partir du 15 juillet… au moins jusque dans les salles de cinéma. Les 5 volets des aventures du sorcier figurant parmi les 20 films les plus rentables de l’histoire (970 millions d’euros pour le 1er opus, « A l’Ecole des sorciers », en
5ème position derrière The Dark Knight, Pirates des Caraïbes ou le Seigneur des Anneaux), on comprend alors le déploiement de moyens pour séduire le jeune public. L’opération ferroviaire avait déjà été conduite dans 10 villes en 2007, à l’occasion de la sortie du 4ème épisode, « L’Ordre du Phénix » (le cortège comptait alors un wagon de moins). Le train et son équipage (une vingtaine de personnes, du film ou de la SNCF), poursuivront leur chemin dans 9 autres villes françaises, pour finir leur course à Strasbourg le 21 juin.

Pattenrond, le dresseur et les photographes.

vendredi 12 juin 2009

Mythique attente au coeur du Collège...


La Chapelle de l’Ancien Collège des Jésuites abrite jusqu’au 28 juin les œuvres inédites d’Armelle Blary. Un travail méticuleux sur les thèmes de l’attente et du désir.

Les 5 installations, imposantes et cohérentes, semblent avoir été pensées pour le lieu où elles sont présentées. Le regard, tout d’abord, doit s’habituer à la pénombre de l’espace, propice à l’introspection et à la spiritualité : pour Armelle Blary, il s’agissait de faire converser entre elles ses œuvres avec la hauteur de la Chapelle, entrer en résonance ce lieu de patrimoine avec la modernité de son travail. « Pénélope », derrière des barrières comme au pied d’un autel, prend ainsi la forme du fauteuil sur lequel elle est assise alors même qu’elle le tisse, soulignant le temps qui s’écoule et l’attente interminable d’Ulysse… Le même qui, quelques pas plus loin et les pieds dans l’eau, contemple dans de petits miroirs son thorax de fer héroïque. Au-delà du travail de la matière (tapisserie, ouate, terre, laine, fil de fer…) et des heures passées sur un processus de création « élaboré mais pourtant pas laborieux », la plasticienne soigne son expo jusque dans les éléments de mise en scène. Eclairage, disposition, détails… La « Robe de Nuit », suspendue à son cintre et tournant sur elle-même, est ainsi l’objet des convoitises et des secrets nocturnes, les racines charnelles qui s’en échappent pouvant évoquer celles du désir... A ce mobile en répond un autre, femmes-colombes enfermées dans une grande volière et cherchant à s’enfuir. Enfin, presque invisible et plus près du plafond, un cœur de laine tiraillé de toute part surplombe l’exposition : les fils rouges plongent vers les oeuvres, organiques, genèse de l’amour, célébration de l’intime et du métaphorique.


mardi 2 juin 2009

Les ateliers s'ouvrent à votre esprit...

Atelier de Frédéric Voisin

Ce week-end et pour la 4ème fois, 75 artistes rémois vous accueillaient, entre espaces privés et expos groupées. Un acte de convivialité et d’ouverture sur une autre forme de culture.

Lancé en 2005 à l’occasion des journées du patrimoine (en septembre), le « parcours d’artistes » prend désormais place en mai : un évènement exclusif, plan à l’appui, qui peut attirer bien des promeneurs. Car le public, semble-t-il, aurait besoin de bonne humeur… Entre médias, banques et profils bas, la crise est globale, économique et philosophique : l’art de consommer a peu à peu remplacé la consommation de l’art, les posters Ikéa se substituant souvent aux originaux, pourtant pas si chers qu’on le croit. Dans la société, les artistes veulent avant tout garder une image de créateur, et avec elle la possibilité d’aller à contre-courant : comment donner au public une option d’évasion, une porte ouverte sur un autre univers ?

Accueil et convivialité
Frédéric Voisin, peintre de la matière, organise ainsi l’un des rendez-vous phare de ce 4ème anniversaire : l’occasion pour lui de montrer le travail d’artistes vivants, et surtout d’entamer la conversation. « L’art est un moyen de communiquer, au même titre que la littérature ou la musique : à cette occasion, nous serons sur place pour expliquer notre démarche, nos initiatives, et répondre aux questions suscitées par les différents travaux. Soyons curieux les uns des autres ! », martèle-t-il, prêt à installer les œuvres de ses 5 invités. 2 sculpteurs, Armelle Blary (fil de fer ou de laine) et Marc Gerenton (bois), 2 peintres, Michel Bénard (petits formats entre peinture, collage et calligraphie), Jean-Louis Dohr (coloriste chaud et géométrique), et enfin, un dessinateur, Eric Panda (représentations stylisées de l’ursidé). Homogénéité, diversité et… avant tout, qualité.

De la démarche au marché
Le public attendu ? Des curieux, avant tout, prêts à se déplacer, pour lesquels l’art est – encore – une nourriture de l’esprit et dont l’appétit est assez développé. « Souvent, les ateliers se trouvent en périphérie des villes, comme l’artiste lui-même, en périphérie de la société… C’est un fait sociologique intéressant : nous accueillerons tous les gens prêts à faire l’effort de venir nous rencontrer, surmontant ainsi une paralysie de plus en plus généralisée ». Familles, amateurs et collectionneurs avertis s’approcheront sans paresse, à la découverte d’œuvres et d’auteurs qu’il leur faudra revoir. « La démarche d’achat est assez léthargique en France, contrairement à d’autres pays où c’est plus courant de voir des tableaux accrochés chez les gens ». Question d’éducation, et de tempérament. « Choisir, acheter et installer une pièce ne se fait pas à la légère… Le coup de cœur est très rare : ce week-end les gens vont passer, et promettront de repasser plus tard ». La vente n’est d’ailleurs pas la priorité de cette manifestation, plutôt axée sur la communication : les portes sont ouvertes, desquelles se dégagent vibrations positives et concrètes, pour un public trop souvent complexé comme pour les artistes, ici désacralisés.

Atelier de Michel Bénard

vendredi 22 mai 2009

Le bras de fer des pots de verre...


A l’annonce de la fermeture de leur usine, les salariés des VMC ont choisi de se mobiliser, montrant ainsi leur attachement à un établissement ancestral. Rencontre au pied du piquet de grève.

Sur la route, aux abords des murs tagués et de l’entrée gardée, les automobilistes klaxonnent allégrement, affichant ainsi leur soutien aux salariés d’une entreprise historique : l’ancienne usine VMC (Verreries Mécaniques Champenoises), qui aurait fêté ses 100 ans en 2011, a déjà presque l’air désaffecté. Les bâtiments sont vétustes, et seules les caméras de surveillance rappellent encore la présence d’une activité pourtant prospère : les salariés les plus résignés traînent devant l’usine, la mine fatiguée, continuant le travail en attendant de voir leur sort se sceller. A l’annonce des problèmes, il y a bientôt 3 semaines, d’autres se sont enfermés chez eux pour déprimer : leur entreprise, aux mains d’un groupe américain (O-I Manufacturing), va fermer en août prochain et l’activité sera délocalisée, afin « d’augmenter la productivité et de conquérir une compétitivité sur le marché européen ». Des petits pots à la pelle, Nutella, Nescafé, la Laitière (750 000 pièces journalières), qu’on choisit de faire voyager : les fours vont s’arrêter, le site sera nettoyé et tout cela a un goût de fatalité.

Briser la glace…
Et puis il y a les battants, syndicalistes qui campent là jour et nuit, à renfort de jeux de cartes, de pétards et autres paquets de chips : un rituel presque festif, une résistance qui s’organise, à laquelle viennent participer épouses et retraités. « On ne croit pas vraiment pouvoir changer quelque chose », confie pourtant l’un d’entre eux, âgé de 54 ans dont 33 passés aux VMC. « Le groupe n’est pas vendeur, impossible à partir de là, de trouver un racheteur. Mais il faut quand même agir, faire du bruit et communiquer. Sinon, il n’y aurait plus rien à espérer ». Sur les 146 salariés des VMC, une quarantaine devrait retrouver une place sur l’autre site rémois, producteur de bouteilles et tenu à l’écart du plan social. Pour les 100 autres, un reclassement serait prévu en Auvergne, à Puy-Guillaume, où le groupe projette de transférer l’activité. Si certains sont prêts à « faire les chemins », au moins au début, d’autres sont attachés à leurs habitudes. « Ma vie est ici, ma famille, mes amis, il n’est pas question de partir. Cela fait 30 ans que je m’investis dans cette entreprise, on peut encore espérer la sauver ». Les plus jeunes, employés comme « polyvalents », s’étonnent également mais devraient avoir moins de mal à se réinsérer, que les ouvriers plus spécialisés.

Vers la transparence
Car « plus que de 150 salariés, c’est la perte d’un savoir-faire qui est en jeu », martèle Eddy Lefèvre, représentant du comité d’entreprise, exposant son dossier au député UMP venu justement l’écouter. Entre promesses de remontée ministérielle et invitation à la discussion, l’espoir renaît chez les plus motivés. Sur le parking, on se rappelle le temps passé, sans comprendre comment on en est arrivé là. « L’usine réalise 17% de marge, c’est très important, et les carnets de commande sont bien remplis », note Fabrice Perreau, n°2 de la résistance. « La fermeture va engendrer un coût de 80M d’euros, entre la dépollution d’un site centenaire de 12Ha, la remise en conformité des fours qui seront exploités ailleurs et le plan social lui-même. Pour « seulement » 146 familles concernées, on ne comprend pas l’intérêt ». Le directeur, justement, traverse la route et vient saluer les salariés : une poignée de main pour chacun, solennelle et silencieuse, d’un homme qui subit aussi les caprices des américains. Une expertise va être demandée et la lutte, sans doute, devrait continuer.

vendredi 15 mai 2009

Les vertus de la vice-présidence...

Députée de la Marne depuis 2002, Catherine Vautrin (UMP) siège à la Conférence des Présidents de l’Assemblée Nationale depuis septembre dernier. Une mission sur mesure.

Ils sont 6, nommés ou renouvelés chaque année, à assister le Président de l’Assemblée Nationale dans ses fonctions : encadrement des débats, choix de l’ordre du jour, déroulement des séances et des négociations. « Aucune femme, à droite, n’avait encore occupé cette place », se souvient Catherine Vautrin, ancienne ministre déléguée à la parité et toujours très sensible à ces questions d’égalité. « En juin dernier, les 45 députées de l’UMP se sont réunies pour désigner leur candidate ». Figure d’autorité, choisie et reconnue pour son sens du contact, elle siège aujourd’hui en tête des 577, assise au perchoir doré 2 ou 3 fois par semaine. « Le lieu, avant tout, est magique et rappelle nos prédécesseurs : il s’agit d’améliorer les textes, tout en restant humble. C’est une mission intellectuellement passionnante, surtout lorsqu’on a la culture du débat public ».

Entre rigueur et tactique
Lieu de confrontation politique par excellence, l’hémicycle se laisse guider par une voix neutre et attentive. « Il faut à la fois se montrer souple et disponible, sans perdre de vue la visée démocratique : chacun doit pouvoir s’exprimer, dans le respect du règlement ». Les débats ne doivent pas s’enliser et Catherine Vautrin cherche au mieux à discerner « les moments où la pause est nécessaire, de ceux où il faut franchement accélérer ». Les députés travaillent la nuit et les présidents restent concentrés, s’accommodant des caprices et autres affaires privées. « Si les débats peuvent être vifs dans l’hémicycle, l’entente à l’extérieur est souvent plus cordiale. La vision du président de séance reste globale, axée sur la discussion des amendements, écartant les réflexions hors sujet ». Un conflit gauche-droite caricatural sur certains dossiers, entre exigences et onomatopées, et dont Catherine Vautrin, du haut de son micro, semble parfois s’amuser…

Du local au national
A venir, l’adoption d’un nouveau règlement pour l’Assemblée, qui visera notamment à assortir une partie de la rémunération des députés à leur assiduité. « Une réforme qui va faire des étincelles », avance la vice-présidente, pour qui la notion de présence reste à relativiser. « C’est vrai qu’il y a des députés que je n’ai jamais vus. Mais ils peuvent intervenir en commission ou dans leur circonscription : seuls les électeurs en sont juges ». Il s’agit, dans son cas, de trouver le juste équilibre. Car si ses fonctions l’appellent souvent à Paris, celles confiées localement par les élections restent sa priorité. « D’autant plus que les arguments que nous pouvons apporter sont toujours induits par les besoins sur le terrain », ajoute Catherine Vautrin, évoquant tant sa prochaine candidature à la vice-présidence, qu’à celle de la mairie rémoise, dans 5 ans.

jeudi 16 avril 2009

Partir ailleurs pour une vie meilleure...

Shampoing sauvage dans la « jungle », terrain boisé surnommé ainsi par les hommes qui l’occupent.
Photo: JC Hanché


Jean-Christophe Hanché, photographe rémois engagé sur le thème de l’errance et des réfugiés, rentre de Calais après 15 jours passés parmi les migrants. Rencontre avec cet autre voyageur.

Le « délit de solidarité », pourtant nié par le ministre concerné, est au cœur de l’actualité. Un film, Welcome (780 000 entrées), des débats soulevés chez les politiques, dans les associations, et l’occasion pour Jean-Christophe Hanché, photographe professionnel et habitué des zones conflictuelles, de mettre en avant le travail effectué sur ce sujet. « Un véritable feu de paille prend autour de ces évènements : c’est le moment où jamais de les montrer. On parle de choses graves, sur un ton grave, puis on oublie... L’information est une marchandise comme une autre : s’il n’y a pas d’actu, ça n’intéresse plus ». Coup de projecteur, donc, sur les 800 réfugiés d’un Sangatte pourtant disparu, afghans principalement, qui aspirent à passer de l’autre côté : un eldorado vu à la télé, pour lequel ils n’ont plus rien à perdre. « Le voyage coûte en moyenne 6 000 euros : ils ne passent pas en Angleterre pour prendre du bon temps. Les familles attendent l’argent qui sera en réalité très difficile à gagner ». Une responsabilité lourde à assumer pour des voyageurs de plus en plus jeunes, parfois seulement 10 ou 11 ans. Dans cette banlieue de Calais, 4 mois après leur départ, certains gardent espoir ; d’autres, moins prêts, craignent d’avoir commis l’erreur de leur vie.

Témoin de la survie
Avec pour caution les associations d’aide aux migrants, Jean-Christophe Hanché s’est introduit progressivement au sein de cette communauté provisoire. Un flux permanent sur terrain vague, dont il raconte un peu d’histoire. « Les photos, pour ce genre de reportage, doivent décrire une situation et suffire à l’expliquer : l’informatif prime sur l’esthétique, on doit comprendre tout de suite de quoi il s’agit ». Scènes de vie et d’errance, portraits de la fatigue ou de l’espérance ; hommes qui s’excusent d’être sales, parlant d’une « vie d’avant » finalement presque normale. « A 250km de chez moi, des gens crèvent dans la forêt, ils se blessent, ils ont faim, ils sont malades : difficile d’imaginer que ça se passe en France ». Sur les clichés, au cours des distributions des repas, apparaît parfois le vice-président de SALAM, l’une des 2 associations ; il risque aujourd’hui la prison pour outrage à agent, dans le cadre d’une opération de reconduite d’immigrés afghans.

www.jeanchristophehanche.com

Agir par l’image…
Le prochain départ du photographe est fixé début mai, et ne se fera pas sans la collecte préalable de son budget. 4 000 euros minimum (dont il a déjà récolté la moitié), couvrant voyage, développements, frais de vie et déplacements. La destination choisie : Dadaab, le plus grand camp de réfugiés au monde, à la frontière du Kenya et de la Somalie. Ce sont près de 300 000 hommes qui s’entassent dans un espace réduit, en manque d’eau, de nourriture, de soins, en proie aux violences et à la survie. Le reportage sera présenté en septembre prochain au festival international de photojournalisme et fera l’objet d’un livre : pour « dénoncer l’inacceptable et refuser encore une fois, de dire que rien ne peut être fait ». Chacun peut donc, jusqu’au 29 avril, souscrire à l’opération et commander d’avance les clichés qui seront réalisés (entre 50 et 220 euros l’unité). Une contribution engagée, en faveur de vies qui n’ont pas de prix ; un gage de fraternité.

Contact : jeankristoff@hotmail.com

mardi 7 avril 2009

Sous une bonne étoile...

Adepte de l’exotique, Romain Remacly rentre de Tokyo après 3 ans passés dans les cuisines étoilées d’Alain Ducasse. Parcours eurasiatique d’un initié.

Un bac raté de peu, un an et demi d’usine, d’économies et à la clef, le rêve accompli d’un voyage en Chine : Romain, originaire des Ardennes, partait à Shanghai pour « étudier ». « 2 mois à peine après mon arrivée, je rencontrais ma femme : elle vivait à Tokyo, j’ai refait mes valises aussitôt ». Il rit, aujourd’hui, des opportunités qui se sont présentées : sans expérience et sans un mot de japonais, il sera serveur 10 mois, avant de rentrer en France. Besoin de se poser, de s’orienter. Il occupe alors toute une année en CAP cuisine, 12 heures par jour et plutôt motivé, avec à l’issue 3 mois de stage aux Crayères (apprentissage et à l’occasion, traduction pour les stagiaires japonais) : le temps au moins, de se faire remarquer. « Un type, un saucier italien, m’a recommandé au Chef, qui m’a présenté des gens. J’expliquais mon souhait de rentrer au Japon, où m’attendait ma fiancée ». Il se retrouve alors dans les bureaux parisiens du groupe Alain Ducasse (restaurant éponyme à Paris, Le Louis XV à Monaco, nouvelle école au cœur de la capitale), pour un entretien. Dans la salle d’attente, il découvre la société ; 15 jours plus tard, il prend ses fonctions Chez Benoît, établissement qui ouvre ses portes à Tokyo (à 2 minutes seulement, du restaurant où il servait l’an passé). « Avoir un Français dans l’équipe, ça fait toujours bien », se souvient-il simplement.
L’intégration a pourtant été laborieuse, dans un milieu exigeant et une cuisine capricieuse : « la vie au Japon est déjà particulièrement stressante et organisée, c’est encore pire au restaurant. 17h de travail par jour, des tensions permanentes, 8 minutes de pause pour déjeuner…». Le temps pour lui de s’habituer, de trouver sa place et d’apprendre l’audace. « Les rapports de soumission sont vraiment malsains ; il a suffi d’attendre que les autres partent, un à un ». A force de patience et d’affirmation, il gravit les échelons et finit à l’une des meilleures places de la brigade. Puis décide à nouveau de rentrer, pour retrouver le luxe de la vie privée. Au même moment, à Tinqueux, l’Assiette Champenoise cherche un cuisinier. Alors qu’il a vu l’attribution d’une 1ère étoile à Tokyo, Romain prend un peu de bon temps dans un établissement à 2 macarons. 1,5 hectares de verdure et de tranquillité, un peu de paix, beaucoup d’ambition.




lundi 6 avril 2009

Le monde selon Fero Liptak


Le peintre slovaque Fero Liptak, enchanteur de l’ordinaire et créateur d’un monde imaginaire, expose à l’Ancien Collège des Jésuites jusqu’au 10 avril. Sa peinture, fantaisiste et colorée, met en scène de curieuses petites créatures, entre naïveté et espièglerie, rêverie et cruauté. Peints sur des toiles, des blousons ou des pantalons, portant sur la vie quotidienne un regard étonné, ils semblent sortir d’un univers de fées où la magie jouxte la raison. Pour un retour à l’enfance, dans un décor d’humour et d’innocence.

samedi 14 mars 2009

Les femmes de Feng


Soutenue par la municipalité dans le cadre de la journée internationale de la femme, la photographe Feng Hatat expose les portraits de 27 rémoises durant tout le mois.

Que des femmes sur la scène : 27 modèles et leur photographe, citadines et citoyennes, illustrent à leurs côtés les ambitions d’Adeline Hazan et de Christiane Kutten (adjointe à l’égalité entre femmes et hommes), près d’un an jour pour jour après leurs prises de fonctions. « Nous avons la chance de vivre dans un pays libre ; il ne faut pas pour autant relâcher la pression en matière d’égalité », déclare la maire de Reims. « C’est un combat qu’il faut poursuivre et accélérer ». Participant à cette mission, les clichés de Feng Hatat dévoilent aujourd’hui de multiples facettes de la féminité. A l’origine du projet, une liste de 27 femmes, choisies pour leurs engagements ou leurs responsabilités dans la communauté : théâtre, radio, commerce ou associations d’insertion... Après des heures de pose et d’essais, elles découvrent enfin leurs portraits. « Je m’attendais à ce que mon environnement soit davantage pris en compte », confie l’une d’entre elle. « Là, c’est vraiment pris de très près ! ». Le choix du noir et blanc, « plus propice à l’expressivité », selon la photographe, ravit les femmes de l’assemblée. « Feng sait mettre à l’aise », reconnaît Céline Araujo, chef de la gare TGV à Bezannes et modèle d’une journée. « Difficile pourtant de rester naturelle avec des dizaines de voyageurs qui circulaient sur les quais ». Car la photographe, pour mieux saisir ses sujets, s’est invitée dans leur intimité. Appartements, bureaux ou ateliers… assez pour montrer un peu de leur personnalité. « Je connaissais déjà Feng avant qu’elle ne m’appelle », sourit l’artiste plasticienne Armelle Blary. "Sinon, ce n’est jamais facile de laisser un regard inconnu pénétrer dans sa vie privée ». Une autre jeune femme, couverte de pelotes de laine sur le cliché, pose même à côté de son portrait, l’air amusé. Il y a du monde, ce soir, pour saluer leur diversité.

Du 16 au 20 mars au CCAS, puis du 23 mars au 4 avril à l'Hôtel de Ville.

vendredi 27 février 2009

De l'image aux personnages

Les statues bariolées du sculpteur Mélois gardent la galerie Marie-José Degrelle pendant près d’un mois. Parcours engagé entre ces géants émaillés.

Tête de Doc ou d’Einstein chic, mains marquées à coups de chaleur, le sculpteur Bernard Mélois peut se vanter d’être travailleur. Ses personnages font d’ailleurs partie de ces œuvres qu’on peut toucher sans rien risquer : l’artiste lui-même, pour faire résonner la matière, n’hésite pas à s’y confronter. « Faute d’argent, c’est dans les décharges publiques que j’ai découvert la tôle émaillée. Personne ne pensait alors qu’on pouvait la souder, j’ai simplement expérimenté ». Depuis il n’a pas changé de chantier, trouvant dans la récupération toute la couleur nécessaire pour donner vie à ses idées.
D’une part, il y a les hommages, rappels ou clin d’œil adressés aux maîtres passés. « Bébé Lou Poulit » par exemple, titre d’une pièce exposée, n’est autre que le surnom donné par sa mère à Toulouse-Lautrec. S’inspirant d’une photo du peintre à 2 ans, Mélois a reproduit l’enfant en 3 dimensions, construit le corps, les vêtements et l’air innocent avec précision. Quant à ce garçon, assis au 1er plan d’une toile de Brueghel avant de l’être dans la galerie, Mélois l’a voulu fidèle à son modèle : « le façonnage de la plume de paon, ornant son chapeau sur le tableau, a été un véritable casse-tête », s’amuse le créateur, qui aime jouer avec les mots autant qu’avec les photos. Les titres qu’il choisit, longs et détaillés, donnent d’ailleurs les clefs de toute son œuvre : « la sculpture naît toujours du projet qui l’a précédée : je connais mes titres et mes sous-titres avant de commencer à travailler, la forme n’étant que l’emballage de l’idée ». Ainsi, celle du « Saint Si Rien » (jeu de mots à ranger dans la partie dommages), vient témoigner d’un antimilitarisme assumé : un soldat imbus défile un 14 juillet, masque à gaz sur le nez et patriotisme affirmé… A voir en vrai pour mieux s’en amuser. Ou au contraire se révolter. Car les dommages proposés par Mélois, entre amusement et gravité, sont avant tout ceux de l’homme et de la société.

lundi 23 février 2009

Le devoir de dignité

Dans le cadre du plan national de recherche autour de la maladie d’Alzheimer, le CHU de Reims a été choisi pour accueillir un Espace de Réflexion Ethique. Débats en perspective.

Les 44 mesures du plan Alzheimer, lancé fin 2008 par Nicolas Sarkozy, devraient permettre sans conteste une meilleure connaissance de la maladie : recherches, définition, information, et surtout amélioration de la qualité de vie. A Reims, le CHU s’apprête ainsi à accueillir la cellule centrale de l’Espace de Réflexion Ethique, unité de recherche pluridisciplinaire et animatrice d’un réseau national (médecins, philosophes, psychologues ou associations). « Il s’agira d’organiser des rencontres, d’animer des débats, de regrouper des ressources et des compétences pour discuter des questions morales relatives à la maladie d’Alzheimer », précise le Professeur François Blanchard, riche d’une longue expérience autour de cet enjeu et choisi avec son équipe pour conduire le projet. « Le combat à mener est avant tout celui de la dignité humaine et du respect de la volonté : comment, par exemple, obtenir le consentement d’un patient pour le traitement d’une maladie qu’il ne se reconnaît pas ? Au nom de quoi le retenir dans un établissement spécialisé contre son gré ? ». Certains vont défendre la liberté, d’autres, la sécurité : à ces questions, la loi n’apporte aucune réponse. « Il faudrait parvenir à prendre les décisions les plus justes, à trouver un équilibre idéal entre assistance et autonomie afin de simplifier au mieux le rôle de chacun : patients, aidants et personnel soignant ». Le groupe de réflexion, pour progresser, doit donc aussi passer par la formation. « On croit encore trop souvent que c’est parce qu’ils sont vieux que nos grands-parents perdent la tête. Or c’est uniquement parce qu’ils sont malades ». Et plus la maladie évolue, moins ils en ont conscience… Le diagnostic précoce s’impose alors, dès les premiers symptômes, facilitant les suites de la prise en charge. Car si on ne sait pas guérir la maladie, on peut au moins freiner sa progression : grâce aux traitements, mais également à l’éducation de l’entourage. « Dans 80% des cas, les troubles du comportement chez le patient sont dus à un manque d’informations et de savoir-faire chez l’aidant ». Ecoute et douceur doivent intégrer pleinement un nouveau mode de vie pour que le patient, perdu dans le temps, se retrouve au moins dans les sentiments…

lundi 16 février 2009

Regards croisés, regards forcés

Impossible d'ignorer cette exposition, visible jusqu'au 15 mars dans les galeries de l'Ancien Collège des Jésuites : les affiches s'exhibent dans toute la ville, contraignantes et agressives, invitant le spectateur à traverser l'Atlantique. Les clichés américains de la française Cécile Bethléem, esthétiques mais trop Photoshopés, se confrontent aux images rémoises de John Bobineau, plus banales mais mieux composées. Les regards, censés se croiser, restent cependant trop différents pour se rencontrer. L'exposition est bien montée; le lieu, toujours si calme, propose un parcours agréable et tout le loisir d'apprécier.

jeudi 12 février 2009

Instantanés... des épaules jusqu'au nez.

Céline Guillemin, avec ses Instantanés, ne sait pas trop où elle va : ça tombe bien, car nous non plus. Evoquant sa quarantaine de clichés photocopiés (des morceaux de bas de visage tourné à droite, à gauche ou en diagonale), elle avoue ne pas avoir de projet à éclairer. « Quand les choses arrivent… », c’est toujours de manière inattendue, voudrait dire Céline. Mais tout de même… Y consacrer 3 années… faut-il bien avoir une idée ! Quand les choses arrivent, elles feraient mieux de repartir d’où elles viennent.
Individuelles, les photos ont juste l’air d’être ratées. Collées entre elles, morceaux de textes ou de tissus illustrant ce menton multiplié, elles suggèrent une moue plus sensuelle. Une série d’autoportraits, au cœur de la nuit, jolie mais sans vraiment d’intérêt.

A la Cartonnerie jusqu'au 7 mars

vendredi 6 février 2009

Armelle a fini

Le projet artistique lié à la démolition de 4 immeubles du quartier, finit sa course à la médiathèque Croix-Rouge. Rétrospective jusqu’au 28 février.

C’est une longue page qui se referme sur 2 années d’un travail riche et diversifié, tant sur le plan artistique que relationnel: école, associations, organismes, foyers… ce sont tous les habitants d'un quartier qui ont pris part au projet de l’artiste Armelle Blary, autour de la démolition sensiblement traumatisante (et maintenant imminente) de 4 immeubles du quartier Croix-Rouge. Les différentes œuvres ont donc été réunies à la médiathèque, proposant une rétrospective globale de tout le travail accompli : meubles récupérés, chambre réaménagée, bandes de peinture personnalisées, parterre de mots pour fleurir le quartier… Chacun a pu trouver sa place au cœur de multiples ateliers. « Il y a un fossé qui se creuse entre les impératifs nationaux et la vie locale des habitants », note Armelle au sujet de la destruction des tours. « Le rôle de l’artiste peut éventuellement consister à construire un pont entre ces deux univers. La meilleure des recettes ? Une communication permanente et une écoute sincère ».
Ce pont, Alain Hatat, photographe, a également contribué à l’élaborer. Suivant pas à pas le déroulement du projet, fixant les moments clef (des petites mains acharnées aux vernissages enchantés), il a lui aussi joué le jeu du dialogue: « c’est une opportunité formidable de participer à un tel projet : pouvoir rencontrer autant de personnes, issues de milieux si diversifiés, partager leur travail et leurs émotions… je n’ai même pas réfléchi. D’ailleurs, personne ne réfléchit jamais avant de travailler avec Armelle ». L’album souvenir défile donc au dessus des œuvres, inscrivant une nouvelle page à l’histoire du quartier. Une page tout en images, pour se remémorer.